Nos sources ? Le livre « Pilleurs d’État », de Philippe Pascot, paru en 2015 chez Max Milo
Vendu à plus 100 000 exemplaires [1] et classé dans les meilleures ventes 2016 d’essais politiques [2] sans un seul procès (à notre connaissance), ce livre paru en 2015 aux éditions Max Milo est disponible dans toute bonne librairie.
L’auteur, Philippe Pascot, a notamment été maire-adjoint de Manuel Valls à Évry. A travers ses différentes publications, il milite pour une transparence totale de l’exercice politique.
Toutes les informations relatives à cet article se trouvent aux pages 125 à 129 du livre, que nous venons d’acquérir à la Librairie L’Autre Monde.
Préfet hors cadre, « préfet fantôme » ou « faux préfet » : un job sans poste à vie, bien payé et cumulable... sans aucun concours !
Un statut qui remonte à Bonaparte
L’auteur, Philippe Pascot, nous explique que ce statut créé par Bonaparte a été supprimé par Charles de Gaulle puis remis au goût du jour par Mitterrand... puis régulièrement utilisé par Chirac, Sarkozy et Hollande [3]... pour « remercier les amis ».
Une pratique pourtant sévèrement critiquée par la Cour des comptes [4]. Vous allez comprendre pourquoi...
Nul besoin de diplôme, concours ou titre pour être nommé
C’est au bon vouloir discrétionnaire du gouvernement qui les nomme en Conseil des ministres [5]. Il s’agit juste, nous dit Philippe Pascot, de « petits arrangements entre amis ». [6]
Un drôle de « préfet » sans aucune affectation territoriale
Ne cherchez pas de poste, puisqu’on vous dit qu’il n’y en a pas !
Un salaire moyen de 6000 Euros brut mensuel
Ces « préfets hors cadre » percevraient en moyenne 6000 euros brut par mois... un traitement en partie suspendu pendant la durée de leurs éventuels mandats (voir ci-dessous).
Un système « adapté » à l’incompatibilité officielle avec le poste d’élu
S’ils retrouvent un poste d’élu, ils sont dits « en détachement » car officiellement les deux fonctions sont incompatibles. Mais rassurez-vous, une astuce leur permet d’être gagnants dans tous les cas :
- S’ils sont élus, l’État continue à leur verser un « petit » salaire de préfet qui ne se cumule plus qu’à hauteur des cotisations à verser pour la retraite de préfet ;
- S’ils ne sont pas réélus, il peuvent redevenir préfets hors cadre et toucher à nouveau leurs 6000 Euros mensuel... pour un boulot qu’ils ne font pas.
Retraite généreuse garantie... et cumulable
Et la fête continue quand l’heure de la retraite arrive nous dit Philippe Pascot.... Grâce à ce « salaire minimum » (SIC) royalement versé par l’État, ils peuvent prétendre à 4000 Euros de retraite en moyenne, cumulables avec d’éventuelles indemnités d’élus, d’autres retraites...
Combien y-a-t-il de « préfets hors cadre » ?
Le chiffre exact semble très difficile à trouver... normal puisqu’on vous dit que ce sont des « fantômes ». En 2012, Claude Guéant, ministre, l’estimait à 66.
En 2013, sur un total de 250 préfets, seuls 127 étaient affectés à un poste territorial. Un chiffre dont la Cour des comptes s’est inquiétée en septembre 2014, dans un rapport sur la gestion des préfets, en s’alarmant sur une hausse de 70% des nominations en 30 ans.
Une système amené à perdurer...
Coûteux, le système des préfets en mission de service public semble pourtant avoir de beaux jours devant lui : car, comme le résume France-Soir, « tous, à gauche comme à droite, en profitent, espèrent en profiter ou en faire profiter un ami, un jour ou l’autre. Ce qui est en réalité un scandale d’Etat bénéficie d’un habillage légal dont tous les politiques s’accommodent en silence ». [7]
Monsieur Macron, qui semble fortement attaché à la notion « moralisation de la vie publique »... y mettra-t-il fin ? Suspens insoutenable !