Invitation au Parc du Morvan
Suite à nos différents articles sur le sujet...
- La renouée du Japon, une plante tueuse dans la vallée du Cousin ?
- Parc du Morvan et « Life + » contre Renouée du Japon dans la vallée du Cousin : le « retour des morts-vivants »
- Pour une grande fête de la Renouée... avec des écrevisses américaines ?
- Cartographie SIG citoyenne de la renouée du Japon avec Valléeducousin +
... le Parc nous a invité à une rencontre le mercredi 8 octobre 2014 réunissant :
- le responsable du pôle environnement ;
- le coordinateur Life + ;
- l’animatrice Natura 2000 pour les vallées de la Cure et du Cousin dans le Nord Morvan ;
- le Président du SIVU de la vallée du Cousin ;
- l’élue chargée de l’environnement pour la ville d’Avallon.
Questions à Gérard Ducerf, Botaniste
Avant ce rendez-vous au Parc, nous avons souhaité consulter Gérard Ducerf, botaniste de terrain et auteur de l’Encyclopédie des plantes bio-indicatrices, aux éditions Promonature (en Saône-et-Loire). Voici les informations qu’il nous a données :
Quels sont les terrains favorables ?
- Les terrains riches en pesticides de synthèse (massifs pouvant dans ce cas atteindre 4 mètres de haut) : la renouée semble adorer les pesticides !
- Les terrains riches en débris de terre cuite (cette dernière contenant des métaux lourds) : la renouée prolifère dans tous les anciens sites de production industrielle de poteries le long de la Loire... mais aussi sur des remblais contenant des tuiles cassées par exemple ;
- En règle générale, les terrains pollués en métaux lourds lui sont favorables.
Quel rôle jouent alors les métaux lourds dans le développement de la plante ?
- Pour l’instant, on sait juste que les métaux lourds se concentrent dans les rhizomes de la plante via un processus de mycorhization (c’est à dire une association avec des champignons) ;
- On sait aussi que les métaux lourds ne sont pas présents dans la partie aérienne de la plante : donc on peut a priori manger les parties aériennes, qui sont comestibles ;
- Mais hélas, on ne sait pas exactement quel rôle jouent exactement les métaux lourds dans le développement de la renouée. Deux questions subsistent :
- La mycorhization permet-elle seulement d’annuler le caractère toxique des métaux lourds pour la renouée, lui permettant de pousser dans des sols pollués ?
- Ou permet-elle d’utiliser avantageusement les métaux lourds dans le développement de la plante ?
Comment s’y prendre avec les massifs de renouée en place ?
- Arracher ou couper à la base la partie aérienne régulièrement, pour fatiguer la plante (surtout pas de débroussailleuse, qui propulse les propagules en tous sens) ;
- Bâcher avec une bâche noire armée pour éviter la repousse.
Que faire des déchets de renouée ?
- L’idéal est de les traiter sur place le plus près possible des massifs, afin de réduire les risques de dissémination pendant le transport :
- Le compostage par fermentation avec une température minimale de 60° permettrait de détruire complètement les moyens de propagations de la plante tout en produisant un compost d’excellente qualité ;
- Sinon, il faudrait pouvoir brûler sur place.
La stratégie testée et adoptée par le Parc : arrachage, bâchage, replantation
La stratégie expérimentée par le Parc du Morvan, semble-t-il avec un certain succès, en amont de Saint-Agnan est la suivante :
- Arrachage à la main ;
- Bâchage ;
- Replantation avec des essences ligneuses locales concurrentes, que l’ont peut traiter en cépées pour une meilleure couverture végétale :
- différents variétés de saule ;
- des aulnes... ;
Le même procédé est en cours dans la vallée du Cousin, après le Pont raté et sera mis en place au printemps 2015 sur les massifs des aires à pique-nique, un peu plus loin (là ou il y a le festival).
Pour la réalisation technique de cette opération, une convention a été conclue avec Le CPIE d’Autun (Centre permanent d’initiation à l’écologie).
La cartographie SIG de la renouée : une initiative appréciée
Le début de cartographie SIG citoyenne de la renouée du Japon avec Valléeducousin +, que nous avions lancée en septembre, a été appréciée par le Parc, qui l’utilisera certainement dans le cadre de son plan d’action.
Le Parc avait lui-même, il y a dix ans, réalisé un premier inventaire routier de la renouée à l’échelle du Morvan.
C’est donc une initiative à poursuivre : merci de votre aide !
Un point faible : la gestion des déchets
Le point faible reste celui de la gestion des déchets : que faire des renouées arrachées ?
Certes, dans le cadre de la convention signée avec le CPIE, les financements Life + permettent de prendre en charge leur transport vers des déchetteries spécialisées... situées à l’extérieur du territoire (ce qui est déjà discutable : risques de dissémination, bilan carbone etc...).
Mais que peuvent faire les particuliers ou les agents communaux alors même qu’il est interdit de brûler ou de transporter la renouée dans les déchetteries locales ?
La question est pour le moment sans réponse : l’étude d’un modèle de séchoir utilisable sur place semble être envisagée. A suivre.
Formation du personnel communal
En attendant, le Parc a prévu de commencer à former le personnel communal : la première formation devrait se dérouler à Avallon fin novembre 2014.
Mais comme le programme Life + n’a pas prévu de financer, pour les équipes communales, l’évacuation des rémanents (déchets de renouée) en déchetteries spécialisées... que les déchetteries locales ne sont pas prévues pour... et qu’un arrêté préfectoral interdit les feux, que pourront vraiment faire les agents communaux ?
Cette formation se résumera donc certainement à sensibiliser les équipes sur ce qu’il ne faut pas faire... à commencer par ne pas utiliser de débroussailleuse ?
Journées de l’environnement, en juin 2015
Enfin, concernant la sensibilisation du grand public, une action est prévue pour juin 2015, dans le cadre des journées de l’environnement.
Une suggestion : faire appel aux faucheurs volontaires ?
Dès que le problème de la gestion des rémanents (déchets de renouée) aura été résolu, nous proposons de lancer à cette occasion une campagne festive de « fauchage citoyen de la renouée ». ;-)
Car la faux revient au goût du jour : voir la vidéo de cette formation donnée à Vevey, en Suisse, en 2010.
Cela permettrait de réapprendre des gestes ancestraux... et dans le cas de la renouée, ce serait un outil parfaitement adapté !