- Des « écrivains du physique », (Sylvain Tesson, arpenteur ascétique (vodka mise à part) de continents froids ou chauds.
- Des scientifiques (Axel Kahn, le confort en plus)
- Un académicien diplomate et ex-humanitaire (Jean-Christophe Ruffin)
- Et surtout, Madame et Monsieur tout-le-monde : 18 millions de pratiquants en France, chiffre en augmentation constante. Partout des clubs et amicales. Eh oui, plus on essaiera de mettre des écrans entre nous et le monde réel, plus nous aurons envie d’aller voir de quel bois est faite la forêt, d’y surprendre chevreuils ou palombes et d’éprouver une bonne fatigue perdue de vue par les sédentaires. Et les grands espaces ont la cote : traversée des Pyrénées, de la Corse (oh, qu’il est méchant, ce GR 20 !), et surtout la plus grande vadrouille : St Jacques de Compostelle, que Ruffin appelle L’immortelle randonnée. Un monde fait de petites victoires et d’émerveillements, de ronflements et de petites chapelles, d’accueil renouvelé et de pieds fumants : cette tranche de vie qui ne s’oublie pas fut remise à la mode voici tout juste quarante ans par Pierre Barret et Jean-Noël Gurgand qui partirent de Vézelay. Car notre colline bien-aimée est le point de départ de la Voie limousine du chemin.
Quant aux politiques, certains montrent l’exemple tel Jean Lassalle, député des Pyrénées Atlantiques : aller, quittant ZAC et ronds-points, au contact des indiens de la France périphérique, jusque dans les replis oubliés d’une modernité speedée, chercher la vérité humaine, c’est le sondage grandeur nature qu’il tenta en 2013 : du moins celui-ci aura-t-il été voir ce que le territoire cache sous la carte.
Si d’autres « élites » (guillemets bienvenus) affichent aussi la marche comme devise, certains même comme marque déposée, il faut y regarder à deux fois pour saisir le sens de leur...démarche, dont les variantes peuvent correspondre à un animal totem :
- marche du lemming : celle du bon petit soldat ; c’est tout droit, coco, cherche pas. Comme vous le savez, les lemmings sont d’adorables petits ratons du grand Nord à qui une légende prêtait la particularité de se jeter en masse du haut des falaises.
- marche de l’écrevisse : d’après une croyance erronée, mais longtemps soutenue (et démolie par Cuvier lors d’une séance de dictionnaire à l’Académie [1]), ils prêchent le retour en arrière.
- marche en crabe : ...là, y’a plus de légende qui tienne : en voulant faire un pas à droite, un pas à gauche en même temps et faute de choisir, on finit bel et bien par se limiter à l’errance latérale, comme ce crustacé si bon en mayonnaise.
Plus sérieusement, la marche, la vraie, grosses godasses et sac au dos, est dans l’air du temps. Combien de seniors – entre autres - s’affranchissent ainsi du muscle qui n’augmente pas plus que les retraites, du tendon qui se tend moins bien, des bielles qui coulissent par à-coups, et se ménagent ainsi un automne gaillard sans le secours des labos pharmaceutiques.
Et en mettant le psy au chômage. Déprime ? Le sentier qui lave tout élimine les « pensées folles » au fur et à mesure de leur éclosion. Bien plus, il favorise des pensées pas folles du tout, les bonnes idées et solutions naissant souvent sur un sentier...le père Nietzsche a dit là-dessus des choses très bien, lui qui ne brillait pas par la « grande santé » qu’il appelait de ses vœux.
Des sentiers, nous en avons à revendre (quoique il y ait encore des choses que l’argent ne puisse encore acheter...mais si !) dans l’Avallonnais. Chacun peut choisir son terrain et redécouvrir une géographie vivante par le déchiffrement de la carte IGN au 25 000è, et jusqu’aux caractères constants de la géologie. Vous êtes plutôt forêt ? Cap sur le Morvan. Propreté garantie de l’arène granitique...ou parfois inondations localisées, à contourner. Les grands horizons ne vous effraient point ? Tonnerrois et Terre Plaine, alors. Mais aucun secteur n’est monotone, le panachage des terroirs étant souvent de rigueur avec à volonté du plat ou des dénivelées propices au « cardio-training ».
Une telle nature a comme il se doit ses fervents locaux. Certain(e)s arpenteurs de granite ou de calcaire ont au compteur ou plutôt au podomètre des exploits dont ils ne tirent pas gloire, la marche n’étant point affaire de frimeurs : on rencontre parmi eux d’anciens marcheurs de Compostelle ou de la Via Francigène d’Italie. Et, pour ceux qui regarderaient de haut ce sport de papys-mamies, qu’il existe des variantes plus « hard » comme le trail d’orientation ou d’endurance. N’est-ce pas d’ailleurs Avallon qui a accueilli lors des deux dernières années l’épreuve reine, la course de l’OXFAM trailer, qui consiste à couvrir 100 km en trente heures ?
On marche en solitaire, en groupe informel de « potes », et bien sûr en convivialité dans des clubs structurés, entre autres :
- Terre de légende : le plus ancien, qui célèbre cette année ses vingt ans. Rando tous azimuts avec à chaque sortie une ouverture sur une curiosité du « patrimoine caché », et marche nordique le jeudi. Le club se charge également du balisage de 600 kms de sentiers dans le grand Avallonnais.
- Cap nature : randonnée et marche nordique.
- CARTO (Club avallonnais de randonnée et orientation cartographique) : n’ayez pas peur, là aussi selon le président c’est « touts niveaux et pour tous les âges » en plus, on mobilise les neurones.
- Avallon accueil : rando le jeudi matin.
- LCA (Loisirs et Culture en Avallonnais), la maison bien connue du Bois-Gargan.
Á noter que de nombreux marcheurs se partagent entre eux voire trois associations, et que l’on pratique partout le co-voiturage. Pour les coordonnées des présidents, voir le site de la ville d’Avallon. Et n’oublions pas nos voisins morvandiaux, Les godillots de Chastellux (voir leur blog). Ni, non plus, le fait que bien des clubs omnisports et associations non dédiées organisent des randonnées de façon ponctuelle.
Conclusion : « Un jour de sentier, huit jours de santé ». C’est la devise de la Fédération française de randonnée. Et la mienne : c’est avec les pieds qu’on se nettoie le mieux la tête.