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La Feuille n°0

La transition écologique dévoyée

De la forêt à la sylviculture intensive

Nous aurions, dans nos forêts sous exploitées, une ressource inépuisable de croissance, d’emplois, de matériaux écologiques, et d’énergie verte : ce constat a motivé un plan national de mobilisation de bois sans précédent.

Le premier objectif de cette politique forestière est de produire plus, donc de couper plus, et de replanter plus, avec des essences à fort rendement améliorées. Le second objectif est de répondre aux besoins de l’industrie, ce qui très logiquement standardise et calibre la forêt sur les grandes unités de la première transformation, calquées sur le modèle Nord-européen.

De forêt de production assumée, on glisse vers le productivisme, et vers la sylvo-industrie du résineux, qui n’est pas sans rappeler les grandes cultures intensives, dont on connaît pourtant les limites et conséquences délétères, tant en terme d’environnement, de qualité de l’eau, que de santé.

La forêt à l’état naturel
Illustration de La Feuille n°0 par Adret Morvan et L’Arpent

Encore plus inquiétant, cette homogénéisation des âges et des essences rend la forêt fragile, notamment au parasitisme, peu résiliente aux pressions climatiques, et au final dépendante des interventions humaines. Certaines régions, certains massifs, parce qu’ils sont plus faciles (accès, acceptation sociale et bonnes conditions pédo-climatiques) sont particulièrement visés, et seront les grands perdants de ce modèle dépassé, qui marge sur les volumes et la compression des coûts, plutôt que sur la qualité et l’innovation. Le Morvan fait partie de ces territoires sacrifiés à la filière intensive, et la nouvelle grande région Bourgogne-Franche-Comté l’a identifié pour porter les ambitions de la filière productiviste, parce qu’il n’y aurait pas, dans le Parc naturel du Morvan, d’enjeu social ou environnemental spécifique.

La ligniculture
Illustration de La Feuille n°0 par Adret Morvan et L’Arpent

Tomates contre Forêt

Tomates contre forêts
Illustration de La Feuille n°0 par Adret Morvan et L’Arpent

La centrale biomasse de Tonnerre brûlera 80000 tonnes de bois par an pour produire 20 Gwh d’électricité, 4000 tonnes de tomates et de la spiruline. En com- parant le rendement global de ce com- plexe agro-industriel environ 50%) à celui d’un poêle à bois ordinaire (75%) on constate que 20000 tonnes de bois seront purement et simplement gaspil- lées, c’est à dire de quoi chauffer 2 à 3000 logements. Et certains qualifient ce projet « d’écoresponsable ».

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La Feuille n°0
Le journal des forêts, par Adret Morvan et l’Arpent

Portfolio

Par Adret Morvan, L’A.R.P.E.N.T.

Publié le mardi 27 juin 2017

Mis à jour le vendredi 30 juin 2017

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