Il s’agit d’une BD, disponible à la Bibliothèque Gaston Chaissac d’Avallon.
En fait, je ne me rendais pas compte de l’ampleur des dégâts…même si pourtant, sans le savoir, j’en ai été témoin ces 20 dernières années. Lors de mes vacances bretonnes chez une tante. Mais en lisant cet ouvrage, j’ai compris pourquoi, finalement, le sujet est tabou. Et tout porte à croire qu’il est fait en sorte que ces algues passent inaperçues….
Cette histoire, n’est que la mise en images par l’illustrateur Pierre Van Hove de l’enquête surréaliste de la journaliste Inès Léraud. Pour nous aider à comprendre, cette BD retrace donc en bulles et en images cette passionnante investigation sur les marées vertes bretonnes.
Tout le monde a un jour entendu parler des algues vertes. Je ne m’en souviens pas : pas née dans les années 70, puis trop jeune / innocente pour prendre une réelle conscience de la catastrophe en cours. Ce danger a été relayé à la télé, à la radio, dans les journaux, par le bouche-à-oreille et souvent en vacances, sur les plages de Bretagne. C’est là qu’on les voit, qu’on sent leur odeur putride, et qu’on hallucine sur les quantités que la mer « dégueule » depuis 1971, date officielle de la première marée verte. C’est encore sur ces plages où au moins trois hommes et quarante animaux (chevaux, sangliers, …) sont morts depuis la fin des années 80. Un phénomène, pire, un scandale sanitaire et environnemental que beaucoup veulent taire.
Tout ce qu’on peut y lire est vrai. Les témoignages, les documents scientifiques, les coupures de presse, les lettres, les mails… avec parfois, dans les bulles, un peu d’ironie. Sans vouloir vous dévoiler le contenu, je peux vous assurer qu’on est :
– abasourdi par la disparition des échantillons dans les laboratoires,
– interloqué par les corps enterrés avant d’être autopsiés,
– déconcerté par les mensonges des autorités,
– surpris de la mise à l’écart des experts,
– à peine étonné des pressions exercées par les lobbies de l’agro-industrie,
– épaté du silence des agences sanitaires,
– sans parler de : la défaillance de la justice, de la lutte inlassable des lanceurs d’alerte… Encore et encore, sans relâche. (Oui, oui ! Nous avons encore des compatriotes qui se battent pour notre santé à tous !!).
« Les algues maudites sont le symptôme d’un mal profond », peut-on lire en quatrième de couverture. Un mal qui résulte de la production de masse, de la politique du chiffre et des pesticides à outrance. La machine est lancée, les agriculteurs embrigadés dans un système bien huilé prêt à tout pour préserver le tourisme, les emplois, les rendements et les profits.
Beaucoup d’informations, beaucoup de protagonistes à « digérer ». Parfois, on se surprend même à revenir en arrière pour vérifier le nom de l’un ou de l’autre, en se disant même qu’il a un peu changé de tête. Malgré tout, c’était passionnant.
Pour la énième fois, la mairie d’Hillion dans les Côtes-d’Armor, a interdit le 22 juin dernier pour une durée indéterminée l’accès à l’une de ses plages en raison d’échouages d’algues vertes…ceci est un exemple parmi tant d’autres.
Je ne vous cache pas que cette lecture est très dense. Les annexes le sont même encore plus, mais tellement indispensables pour réaliser la « tonne » de travail abattue par Inès Léraud.
Ne vous laissez pas arrêter par les couleurs utilisées…on tourne majoritairement autour du jaune, du vert, bleu…mais on s’imagine bien au cœur de l’enquête !
Pour vous en donner une idée, voici les 4ères pages :