Le DVD « Hêtre et Avoir »
Vous pouvez aussi découvrir la balade interactive sur internet à cette adresse.
La carte de la balade interactive
L’acheteur interviewé : Michel Brunet, responsable d’exploitation forestière
Michel Brunet est responsable de l’exploitation pour Creuse Forêt, qui travaille pour les scieries du groupe Mallarini. Ce qu’il dit : pour avoir de la valeur, un arbre doit être bien droit, pas trop conique, avec le moins de branches possible, afin de permettre, au sciage, d’avoir des planches sans nœuds. Un gros arbre avec beaucoup de branches aura un prix du m3 plus bas qu’un arbre sans nœud d’environ 30cm de diamètre. « Le plus rentable pour nous, ce sont des bois d’environ 25-30cm de diamètre, permettant à une abatteuse de couper 300m3 de coupe de bois par jour... et à une scierie d’avoir des rendements très élevés. »
Une scierie industrielle : Bois et Sciages de Sougy, représentée par Stéphane Vives
Bois et sciages de Sougy et Mennet-Seve, qui d’après Stéphane Vives est "leader français de la première transformation de bois résineux", s’approvisionne en sapin, épicéa et douglas, localement et régionalement, c’est à dire à 90% dans un rayon de 100km autour de la scierie. Selon Stéphane Vives, « la sylviculture en futaie jardinée n’est plus « adaptée ». Par, contre le système de plantation qui a lieu dans le Morvan est « parfaitement adapté » : des bois « mieux tenus », biens calibrés, bien droits, avec moins de branches, moins de nœuds, permettant une meilleure productivité dans l’industrie. »
Une scierie artisanale : la scierie Cotineau, représentée par Christophe Perrin
« Nous sommes une petite scierie artisanale, avec 5 personnes qui passe en un an le volume passé en une journée dans les grosses scieries. On transforme un quinzaine d’essences locales : environ 60-70% de chênes, 5 à 10% de peupliers et autres feuillus... le reste étant constitué de sapin, épicéa, douglas, mélèze. Notre rayon d’approvisionnement est de 50-60km à la ronde, 80-100km quand on trouve des lots intéressants. On scie essentiellement à la demande, pour une clientèle composée d’environ 50% d’artisans, 30% de particuliers, 20% environ d’industriels. »
L’intervention de Roland Susse, expert et gestionnaire forestier
Précision : Roland Susse fait partie de nos invités pour la table ronde sur la forêt du vendredi 2 octobre 2015.
Ce que dit Roland Susse à propos de la futaie régulière
« La futaie régulière est calquée sur le monde agricole. L’objectif : aboutir à un produit homogène, facile à mobiliser et à commercialiser. Cela veut dire que dans une parcelle unique nous avons un seul âge. Exemple : les plantations de douglas dans le Morvan. Jusqu’à 40-45 ans, on fait des petites éclaircies qui ne vont pas rapporter grand chose. Puis on coupe tout et on repart à zéro : c’est à dire qu’on replante pour un coût de 3 à 5000 Euros / hectares, "un argent placé" dont on ne récolte les fruits que 40 ou 50 ans plus tard. »
Ce que dit Roland Susse à propos de la futaie irrégulière
« Il s’agit d’un mélange d’arbres d’essences et d’âges différents qu’on prélève au fur et à mesure de leur accroissement, comme les intérêts d’un placement dont on conserverait le capital. On constate qu’après une vingtaine d’années on a récolté la valeur du capital initial et qu’on a toujours ce capital sur pied. »
Pour Roland Susse, jouer la carte de la biodiversité est un atout très positif :
- Meilleure production de l’ensemble de la forêt
- Meilleure résistance aux contraintes parasitaires, climatiques...
- Des résultats pérennes
- Plus rentable sur la durée
Intervention de Jacques Ranger, enseignant-chercheur, sur le site de Breuil-Chenue
« On est sur un site expérimental, installé sur un peuplement de Douglas. L’objectif est de montrer les interactions qui peuvent exister entre les arbres et le sol. Ce dernier n’est pas qu’un support dans lequel l’arbre s’ancre : l’arbre développe des relations bien plus compliquées avec le sol sur lequel il se développe.
Plus on coupe un peuplement jeune, plus on va exporter de la minéralomasse, c’est à dire des éléments nutritifs séquestrés dans le bois. Si on exporte ces éléments nutritifs, la deuxième génération d’arbres devra pousser sur un sol moins fertile : il faudra réviser à la baisse l’accroissement courant potentiel que l’on pourra avoir. Ce qui aboutit, pour le propriétaire, à une valorisation de sa forêt de moins en moins efficiente.
Les solutions à explorer : produire des peuplements avec moins de capital sur pied... c’est à dire moins d’individus qui se partagent une ressource plus maigre. Mélanger les essences : le comportement d’un peuplement composé d’une essence pure n’est pas le même que lorsqu’on est en présence d’un mélange deux, trois ou plusieurs essences différentes. Une sylviculture plus dynamique, c’est à dire intervenir plus souvent en forêt, mais avec moins d’impacts. »
Quelques points évoqués pendant les échanges, après le visionnage du film
Dans le désordre... et de manière non exhaustive, voici les points ou chiffres évoqués dans le public, lors des échanges animés par Olivier Thiébaut après le visionnage du documentaire.
- Les trois-quart de la forêt française appartiennent à 3,5 millions de privés qui, dans la limite de la réglementation en vigueur, décident individuellement la manière dont ils gèrent leur propriété : la forêt française est donc très morcelée ;
- Dans le Morvan, on compte 19000 propriétaires forestiers privés ;
- A cause des prélèvements précoces (avant maturité) les arbres n’ont pas le temps de redonner au sol une partie de ce qu’ils ont "pris" dans le sol, risquant d’aboutir, dans 50 ans, à une baisse de la productivité d’environ 30%... à moins que l’on compense avec des amendements chimiques, ce qui posera les mêmes problèmes que dans l’agriculture conventionnelle ;
- 1975 : date de début de la mécanisation... et de la fin des "bûcherons" ;
- Quand on dit que le douglas est réputé être de classe 3, c’est à dire pouvant résister naturellement, sans traitement, à un usage extérieur... ce n’est vrai que pour le bois de cœur. Or, dans la majeure partie des cas, le douglas est maintenant prélevé avec des diamètres de 30cm, c’est à dire bien avant qu’il ait eu le temps de faire du cœur, ce qui remet en question sa réelle valeur d’utilisation.
- Les propriétés de plus de 25 hectares sont soumises à l’obligation d’un plan de gestion simple ;
- Problèmes liés au réchauffement climatique :
- Si le réchauffement climatique apporte globalement plus d’eau dans l’année, ce qui est favorable au Douglas, ce dernier supporte mal les périodes de sécheresse... qui augmentent par ailleurs ;
- De nouveaux parasites s’attaquent même au douglas, réputé résistant... ce qui constitue une menace d’autant plus inquiétante dans les monocultures (futaies régulières) à grande échelle ;
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