Nos deux événements : un film et un spectacle
Le film : un « western » en présence du réalisateur, Christian Rouaud
Tout commence en 1971, lorsque le gouvernement déclare que le camp militaire du Larzac doit s’étendre. Radicale, la colère se répand comme une trainée de poudre, les paysans se mobilisent et signent un serment : jamais ils ne cèderont leurs terres. Dans le face à face quotidien avec l’armée et les forces de l’ordre, ils déploieront des trésors d’imagination pour faire entendre leur voix.
Bientôt des centaines de comités Larzac naitront dans toute la France… Dix ans de résistance, d’intelligence collective et de solidarité, qui les porteront vers la victoire. Plus que jamais le Larzac est vivant !
Le spectacle : Texte, mise en scène et interprétation Philippe Durand
Larzac ! s’intéresse à ce qui se passe aujourd’hui sur le plateau : la vie de ses habitants et celle de l’outil de gestion collective des terres agricoles auquel ils participent.
Dans un mélange d’intimités, de réflexions sur notre rapport à la propriété, sur l’agriculture paysanne que les Larzaciens entendent mener, de questions sur le fonctionnement du collectif, Larzac ! est le reflet de quarante ans d’expérience de cette gestion collective exemplaire.
« Rien ne sera jamais plus comme avant.
Les habitudes, les savoirs nés de l’expérience de la lutte sont à présent solidement ancrés sur le plateau. Se réunir, discuter, réfléchir ensemble et, surtout, prendre directement les choses en mains, sont devenus des réflexes naturels. »
Le spectacle
Texte, mise en scène et interprétation Philippe Durand
Larzac ! s’intéresse à ce qui se passe aujourd’hui sur le plateau : la vie de ses habitants et celle de l’outil de gestion collective des terres agricoles auquel ils participent.
Dans un mélange d’intimités, de réflexions sur notre rapport à la propriété, sur l’agriculture paysanne que les Larzaciens entendent mener, de questions sur le fonctionnement du collectif, Larzac ! est le reflet de quarante ans d’expérience de cette gestion collective exemplaire.
« Rien ne sera jamais plus comme avant.
Les habitudes, les savoirs nés de l’expérience de la lutte sont à présent solidement ancrés sur le plateau. Se réunir, discuter, réfléchir ensemble et, surtout, prendre directement les choses en mains, sont devenus des réflexes naturels. »
Quelques rappels sur le Larzac
Une lutte de 10 ans (1971-1981)... guidée par la non-violence, face à la répression de l’État
Une lutte déterminée, fondée sur un serment solennel de solidarité, le « Serment des 103 », a permis de sauver 14000 hectares de terres agricoles d’un projet d’extension du camp militaire.
On retrouve dans Le film "Tous au Larzac" les différentes facettes de cette lutte, qui, à la suite d’un jeûne de quinze jours de Lanza del Vasto (mai 1972), a fait le choix de la non-violence :
- Des actions légales ou illégales, mais toujours légitimes
- Des entraves aux procédures d’expropriation
- Des recours aux procédures juridiques
- La fête, l’humour et l’imagination
- Des jeûnes
- La règle du consensus pour la cohésion du groupe
- Des marches et manifestations
- Des rassemblements sur le Larzac
- Des actions « spectaculaires »
- Des actions de désobéissance civile
- Des destruction symbolique de biens
- Un contact privilégié avec la presse
- Des occupations de terrains (les précurseurs des "ZAD" ?)
Le soutien de l’église : « C’était une question de dignité »
Tous les "rouges", "roses", "verts", "maos", "anars", militants occitanistes, PSU, antinucléaires, tiers-mondistes et antimilitaristes – le plus souvent anticléricaux – chantant avec Graeme Allwright, seraient sans doute très surpris de découvrir… "l’importance décisive qu’a eue l’église, en Aveyron, dans la résistance initiale"...
Robert Mazeran, 80 ans, acquiesce. N’oubliant pas les protestants, il corrige "les églises". Et bien placé pour le savoir. Il est l’un des quarante prêtres catholiques qui a planché avec Mgr Ménard sur cette lettre cruciale lue à la messe, les 6 et 7 novembre 1971, après la première manif de protestation. "Personne ne s’attendait à ce que l’église prenne aussi fortement position contre l’extension du camp", rappelle-t-il. Source : La Dépêche, Un article de Pierre Challier publié le 04/08/2021, L’Église défend les paysans : « C’était une question de dignité »
« Quand on n’écoute pas la voix des hommes, on leur signifie qu’ils ne sont rien… » s’indigne Mgr Ménard, repris en titre par La Dépêche. Et ce mépris des familles qu’on veut expulser de leurs terres est intolérable. « Défendre le Larzac, c’était défendre la dignité humaine », poursuit Robert Mazeran.
D’ailleurs, le film « Tous au Larzac ! » recueille le témoignage de Pierre Bonnefou, curé de l’Aveyronnais, qui avait trente ans au moment de la lutte.
Après la lutte : création de La Société Civile des Terres du Larzac (SCTL)
La création de la Société Civile des Terres du Larzac (SCTL) et la mise à disposition des terres du Larzac par l’État aux paysans et habitants du plateau le 29 avril 1985 a permis d’officialiser la fin de la lutte contre l’extension du camp militaire suite à l’annonce de l’arrêt de ce projet par le Président de la république François Mitterand en juin 1981.
Un bail emphytéotique avec l’État pour l’utilisation collective de l’espace à des fins agricoles
La formule originale du bail emphytéotique entre l’État et la Société Civile des Terres du Larzac, assure la sécurité de l’utilisation de l’espace à des fins agricoles et pacifiques jusqu’en 2083. Grâce à ce transfert de responsabilité, la Société Civile des Terres du Larzac assume toutes les charges et les privilèges de propriétaire, à l’exception du droit de vendre.
Une gestion collective et démocratique de la terre
La Société Civile des Terres du Larzac constituée de tous les fermiers et résidents est administrée par un conseil de gérance de 11 membres. Il attribue les exploitations, fixe les montants des baux ruraux et élabore les règles de gestion entre les différents usagers du foncier (agriculture, chasse, tourisme, etc.).
Menée depuis 28 ans, l’expérience de ce « laboratoire foncier » comme l’imaginait Bernard Lambert, est unique en France. Conformément à l’acquis de la lutte (1971/1981), les habitants du Larzac ont prouvé que la gestion collective de l’usage de la terre était non seulement souhaitable mais possible à une grande échelle.
Une revitalisation des fermes : +25% de paysan•nes !
En permettant de revitaliser les fermes (+ 25% de paysan•nes), de favoriser l’installation en fermage avec des baux de carrière, la Société Civile des Terres du Larzac préfigure les outils qui pourraient voir le jour pour lutter contre la désertification et/ou l’artificialisation des terres.
Soit exactement l’inverse de la tendance nationale : en France , en 40 ans, le nombre d’agriculteurs exploitants en France a été divisé par 4... (Source : INSEE 2022).
Des baux de carrière sont garantis jusqu’à la retraite
Seuls 0,5 % des agriculteurs en France bénéficient de baux leur garantissant de pouvoir rester sur leur exploitation jusqu’à l’âge de la retraite.
A l’inverse, la SCTL a fait le choix d’accorder à tous ses fermiers cette sécurité indispensable pour pouvoir accomplir correctement son activité professionnelle.
Une expertise juste et collective, en dehors de toute spéculation
Contrairement à la majorité des biens loués en Aveyron, toutes les parcelles de terre, lande ou bois pacageable (6 300 ha) ont été expertisées conjointement par les agriculteurs, la D.D.A.F, la SAFALT et la Chambre d’agriculture, afin de déterminer leur valeur agronomique. Cette opération a permis de déterminer des valeurs locatives justes et acceptées par tous en dehors de toute spéculation ou de toute pression.
Les prêts à usage, pour le patrimoine bâti... : un système unique en France !
Pour le patrimoine bâti n’ayant aucune vocation agricole, la SCTL a utilisé une forme de contrat peu connu : le prêt à usage. Vu l’état d’abandon extrême de la majorité de ces bâtiments, toute location était impossible. Par cette forme de prêt, la SCTL met gratuitement à disposition le bien avec obligation pour le bénéficiaire de restaurer. A son départ il sera indemnisé par son successeur, selon le principe de la valeur d’usage, des travaux effectués.
Larzac : la lutte continue ! Notre dame des Landes, les Résistantes 2023...
Après la victoire, les militant•es du Larzac se sont dit : pourquoi s’arrêter là ? Ils sont depuis toujours sur tous les fronts légitimes : notre dame des Landes, le fauchage volontaire d’OGM... etc aussi bien au niveau national qu’international.
Ce n’est pas un hasard si le Larzac a reçu cet été les Résistantes 2023, une rencontre entre toutes les luttes de France.
Bref, plus que jamais, la lutte continue !
Quelques repères chronologiques
- 1902 l’État crée un camp militaire dans le Larzac-Nord (au sud de Millau)
- 28 octobre 1971 l’État annonce un projet d’extension du camp de 3 000 à 17 000 hectares
- 28 mars 1972 « serment des 103 » : 103 paysans du Larzac, opposés à l’extension, s’engagent à ne pas quitter leurs terres s’ensuivent dix ans de lutte : manifestations, marches sur Paris, rassemblements sur le plateau, diverses actions qui trouvent un important soutien populaire partout en France - création des Comités Larzac dans toutes les régions - création de plusieurs GFA qui vont permettre aux opposants d’acheter des terrains stratégiques dans la zone d’extension du camp.
- 3 juin 1981 l’État renonce officiellement à l’extension du camp
- 29 novembre 1984 la Société Civile des Terres du Larzac (SCTL) est constituée
- 29 avril 1985 l’Etat et la SCTL signent un bail emphytéotique de 60 ans
- 1985/1986 la SCTL signe des baux de carrière avec les agriculteurs et des prêts à usage avec les non agricoles
- Juillet 2013 le bail emphytéotique est prolongé jusqu’en 2083