ALCESTE
Non, vous avez beau faire, et beau me raisonner,
Rien de ce que je dis, ne me peut détourner :
Trop de perversité règne au siècle où nous sommes,
Et je veux me tirer du commerce des hommes.
Photos de cette représentation du Misanthrope, le samedi 25 juillet 2015 à la Tannerie d’Avallon
Note d’intention du metteur en scène, Guillaume Charlet
Encore un Misanthrope ! Quel éclairage nouveau peut-on encore essayer d’apporter à ce monument du théâtre ?Depuis de nombreuses années je me pose toujours la même question sur Alceste à la lecture de la pièce : est-il vraiment misanthrope ?
Son envie de quitter le « commerce des hommes » est mis à mal par son amour pour la plus médisante, la moins philanthropique de tous : Célimène.
Comment peut-on aimer à un tel point et avec un tel degré de soumission parfois la figure la plus antagoniste de ses envies de liberté et de franchise ?
Comment un véritable misanthrope peut-il imposer à la femme qu’il aime des codes de bonnes conduites en société et soumettre le monde à sa façon de penser et d’agir.
De même, Philinte, son meilleur ami est le parfait directeur de communication, usant de milles courbettes pour être bien vu et bien positionné dans la cour.Alceste ne se rend-il pas compte que tous ces traits de caractère sont antagonistes aux siens ?
En me posant toutes ces questions, je me suis rendu compte que j’installais systématiquement Célimène au centre de ma réflexion : une Célimène jeune qui n’a pas peur de séduire et d’être séduite, une Célimène qui change aussi la condition de la femme, une femme assumée qui se sert de ses atouts pour « gouverner ».
De cette réflexion a découlé le reste : la guerre d’apparence, la mode qui tient une place si importante dans ce siècle, la surenchère. Et là encore Alceste semble dépassé par son temps. Et si finalement il ne fuyait pas un monde qui le rejette ?
A travers ces thèmes, le côté universel de la pièce m’a semblé s’affiner et j’ai décidé de « sortir » de l’époque avec un intérieur jouant sur la transparence dans ce monde de dupes et des costumes qui s’inscrivent dans une plus grande modernité.
Ensuite nous avons beaucoup travaillé, en amont avec les comédiens, sur l’idée de redonner une nouvelle musicalité au vers afin de l’entendre tout en le rendant le plus vivant possible.
Quant aux personnages, je ne voulais pas les caricaturer car ils sont déjà des caricatures d’eux-mêmes. Le ridicule tient autant des situations que des caractères.
Enfin je tenais à faire poindre l’idée de la « comédie » chère à Molière dans le postulat que personne n’est épargné et que tout le monde donne finalement à rire.
Guillaume Charlet, metteur en scène.
Distribution
- Julien Adam, Clitandre
- Hélène Martin, Arsinoé
- Olivier Bourjault, Acaste
- Jean-Marc Brisson, Oronte
- Alain Chatelet, Alceste
- Aurore Guillet, Célimène
- Lynda Lenerand, Éliante
- Patrick Masson, Basque, Du Bois
- Patrick Venzal, Philinte
- Et un musicien : le guitariste Raphaël Bantigny
- Mise en scène : Guillaume Charlet
- Costumes : Viviane Fines et Michelle Weissman