...Le sang était mélangé avec du sable et du son pour l’alourdir.
L’hameçon esché d’un cube de rate était présenté dans la trainée rougeoyante.
En fin de coulée, une touche bien appuyée et c’était la bagarre avec un énorme chevesne, un gros gardon ou une vandoise...
Mais Monsieur Guerreau avait une canne en roseau de 6m avec anneaux et moulinet... Moi une simple canne de 3 mètres : donc pas de résultat !
Découragé, j’allais retrouver des copains pour jouer dans cette carrière qui avait cessé toute activité depuis 2 ou 3 ans, mais dont les rails, aiguillages et wagonnets étaient en parfait état de fonctionnement.
A trois ou quatre, on poussait le wagonnet sur la butte : une construction en pierre, haute de 5 mètres, large de 3 mètres et d’une cinquantaine de mètres de long.
Cette butte avait une plate-forme, munie d’un énorme moteur avec un levier à l’arrière. Sur la photo, on peut voir une courroie qui devait actionner le concasseur.
La plate-forme recevait une voie d’extraction qui venait de la colline et deux voies qui longeaient le Cousin en direction du moulin de Michel Petit, dont une qui remontait vers la plate-forme en passant devant un hangar en bois.
Cette butte, telle que je la décris, existe dans les gares de triage en beaucoup plus grand. Les wagons poussés prenaient la pente et par l’élan allaient former les trains de marchandises ou de voyageurs.
La plate-forme qui communiquait par des voies vers le hangar recevait les wagonnets dont les pierres allaient être transformées en pavé de paris, pierre de taille ou encore en « paquet de tabac » (pavé 7x7) pour les meilleures d’entre elles, les moins bonnes servant à faire du ballast et du macadam.
Toute la pierre travaillée était chargée sur les wagonnets, et par un aiguillage reprenait la passerelle pour aller approvisionner les camions de l’autre coté du Cousin sur la route de Méluzien.
Avec les copains, quand on jugeait que le wagonnet était assez haut, ou surtout que ça devenait trop dur, on sautait dedans.
Mais il y en avait toujours un pour mettre une embûche, voir tourner l’aiguillage. Il s’en suivait un déraillement... avec les gamins d’un coté et le wagonnet pas loin d’eux.
Je crois que le bon dieu était en permanence avec nous car il n’y a jamais eu d’accident grave...
Si je fais cet article c’est pour les souvenirs, mais aussi grâce à la gentillesse d’une habitante de Méluzien, Madame Annie Sapin, épouse Pinaud, qui m’a donné des photos prises par Monsieur Duvergier, photographe à Avallon.
Ces photos montrent la mise en œuvre et l’exploitation de cette carrière dont la pierre était extraite sur une pente à 60°. On y voit son père travailler sur la construction de la passerelle (Norbert Sapin, décédé en 1984).
Elle m’a même donné son relevé de carrière (sans jeu de mot) : une pièce d’une grande valeur, qui m’a permis de retrouver les noms des carrières et de les remettre au bon endroit.
On y voit que Monsieur Sapin a travaillé dans 9 carrières ou dans des entreprises locales ayant un rapport avec la pierre. Et ça de 1932 a 1961.
On voit que le travail dans la pierre était une source d’emplois importante pour Avallon et Magny et aussi une richesse pour ces communes.
Remerciements
Je voudrais remercier pour la réalisation de cet article :
- La ville d’Avallon :
- La ville d’Avallon pour ses archives ;
- Monsieur Laboureau ;
- Monsieur Guittet ;
- Monsieur Guyard ;
- Les dames du cadastre ;
- Madame Delbarba ;
- Madame Defert ;
- Mademoiselle Vialle ;
- Mais aussi
- Monsieur Fillion de Faix (Société d’études d’Avallon) ;
- Les époux Verly de Magny ;
- Michot Bernard
- Jean Madeleinat (de Magny, décédé) ;
- Christine et Jean-Pierre Léger (Moulin Léger) ;
- Monsieur Couettaut (Chassigny)
- Plusieurs habitant(e)s de Méluzien
- Mme Annie Sapin (épouse Pinaud) ;
- M. Guingois, Mme Ginguois ;
- M. René Simoneau ;
- M. Baraguet ;
- M. Joël Chaperon avec qui j’ai fait un bon bout de chemin ;
- Philippe, Sonia et André Patouret
Toutes les photos dans le port-folio ci-dessous ont été prises sur les lieux de la carrière Moracchini en 2014, par Monsieur Joël Chaperon.