Aux limites du capitalisme
Julien Gautier, professeur de philosophie dans la banlieue parisienne s’est attaché à montrer que la quadruple crise que nous traversons, financière, économique, humaine et écologique montrent les limites absolues que rencontre le capitalisme financier aujourd’hui et que cette configuration est inédite.
La multiplication des pains financiers...
Il a démontré qu’on peut craindre une faillite généralisée d’un système où les hommes deviennent de plus en plus superflus ; il parle d’une société de travailleurs sans travail. Le fantasme du capitalisme financier n’est il pas un capitalisme sans production et sans travailleurs ? car on assiste aujourd’hui au Miracle du Capital fictif, l’argent étant devenu lui-même une marchandise ; on peut acheter, vendre de l’argent et accumuler des profits colossaux ; voilà bien l’essence même de la finance.
M Gautier appelle ce phénomène la Multiplication des Pains Financiers puisque chaque créance existe à la fois pour celui qui prête et celui qui emprunte ; et ainsi le montant d’actifs financiers crées de toutes pièces chaque fois qu’il y a émission de créance, a atteint en 2013 la somme de deux millions de milliards d’ euros soit 3 fois le pib mondial … Gloup !
Il n’y a donc plus besoin ni de production réelle, ni d’amélioration de la productivité ni même de travailleurs ; voilà comment le capitalisme a relancé la machine qui s’enrayait !
M Gautier a très bien expliqué ces phénomènes d’une façon claire et concise, et vous pouvez regarder sa prestation sur http://collectifcitoyenvezelien.org filmée samedi à Asquins.
Des perspectives développées autour de l’éco-socialisme
La perspective d’avenir développée par M Gautier est celle de l’eco-socialisme – ou économie contributive - une sorte de dépassement heureux d’un système à bout de souffle, seule alternative possible pour lui à l’effondrement catastrophique du système ou à la énième renaissance de ses cendres (sous forme de capitalisme vert par exemple).
J Gautier s’est appuyé sur les travaux de André Gorz et de B Stiegler qui prônent la mise en place d’une société de l’abondance où personne ne manquerait de rien, où le temps serait libéré et où nous pourrions reprendre la main sur nos besoins après avoir redéfini la norme du suffisant. L’économie au service de la vie en quelque sorte ; on assisterait à un partage du temps de travail (15 000 heures sur toute une vie), à un revenu garanti suffisant de 18 ans à la fin de vie (1000€ par mois).
Ces économistes assurent qu’un tel système est viable. Ce serait la politique du temps libéré, le statut d’intermittent du spectacle pour tous en quelque sorte. De nombreuses initiatives locales existent déjà : les SEL, les circuits de distribution courts, les monnaies locales, les logiciels libres, les mouvements alter-mondialistes paysans etc.
Des réactions diverses dans le public
Cette partie de la présentation a bien sûr entraîné de nombreuses réactions ; entre ceux qui trouvent ça utopiste, irréaliste, insuffisant, pas assez révolutionnaire… il y a aussi ceux qui pensent que c’est possible et à qui ça fait envie …
Tout le monde a une idée sur la question mais comme a fait remarquer l’animateur des débats, ces démarches se développent et elles sont constructives, elles sont dans le concret, dans l’action locale immédiate au lieu d’être dans la critique des gouvernements et des financiers dont on a plus rien à attendre.
On sait bien « qu’ils ne vont pas se laisser faire !!! ». En tout cas, voilà une réunion qui illustre exactement ce qu’elle défend : du temps libéré pour prendre en charge nos besoins d’échanger, pour être ensemble, passer un bon moment et consommer local !