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Une très vieille huilerie à Brienon-sur-Armançon

Très vieille huilerie car elle a débuté en 1809. A l’époque, c’est JOSEPH MARIE CHARTON qui est le premier huilier. En 1854 son fils BAZILLE HONORE marie sa fille avec LOUIS SUGUENOT. En 2011 l’entreprise s’appelle SUGUENOT-SCHULTZ.

Quand on rentre, on est frappé par l’immense plateau appelé meulage d’un seul tenant en comblanchien, venu par bateau par le canal de BOURGOGNE, qui est à 50m de l’huilerie.

Le plateau pèse de 4 à 5 tonnes. C’est la partie fixe.

Sur ce plateau vient tourner une meule, dont les deux côtés sont munis d’une couronne en fonte, le milieu est rempli de béton, le tout relié par un bandeau en acier. Poids de la meule 1tonne 250 (pose en 1886).

Le plateau avec la meule

Avant 1927, juste avant l’électrification, il fallait 2 chevaux : un le matin et un l’après midi. A cette époque elle pouvait concasser de la craie pour éclaircir la mélasse de la sucrerie, ou de la chaux pour les agriculteurs.

Maintenant elle sert uniquement pour le broyage du colza.

Nous allons passer à l’élaboration de l’huile.

Les noix sont nettoyées (plus de coquille). Les cerneaux sont broyés dans un
broyeur électrique. C’est le seul instrument moderne.

Quand il y en a 20kg, le produit est amené dans la poêle et malaxé en permanence.

C’est un récipient en tôle creux, posé sur un foyer alimenté par des buchettes de charme. Sur le dessus un malaxeur électrifié en 1927.

Les bûchettes de charme pour alimenter le feu

Pas de cadran, de thermomètre, la chauffe dure 45 minutes et c’est la couleur du mélange qui indique au MAITRE qu’il est bon à presser.

Il est mis dans la presse avec un scrutin, tapis posé entre la chauffe et le sommet de la presse. Il est en cheveux importés de Chine.

Ensuite on actionne la pompe qui va injecter 60 litres d’eau et donner à la presse la force nécessaire pour extraire l’huile (puissance de 125 à 144 tonnes), par l’intermédiaire du compresseur.

Voici le nombre de litres donnés pour une chauffe de 20 kg à environ 100 degrés :

  • noix 13 litres
  • noisette 1 litre
  • colza 7 litres
  • tournesol 5 litres mais la chauffe est de 15 kg
  • œillette 4 litres
  • moutarde 4 litres
  • chenevis 4 litres

Après la presse, il reste le tourteau qui peut servir à l’alimentation du bétail.

Vous avez pu constater qu il n’y a aucun produit chimique ou une modification quelconque.

A titre d’information... voici la méthode industrielle pour de l’huile de noix :

Le mélange est chauffé à très haute température et le pressage est fait avec des solvants. Le chauffage produit une hydrogénation, donc production d’acide gras. Ensuite... elle est raffinée. Elle subit un dégommage après une neutralisation à la soude caustique, puis désodorisée à la vapeur d’eau puis décolorée et filtrée. Il n’y a plus d’odeur désagréable, mais destruction des composants bénéfiques à la sante (vitamine E). On ajoute de la vitamine synthétique et du parfum chimique à la noix. Bon appétit !

A vous de choisir... entre l’huile artisanale de Brienon-sur-Armançon... et l’huile industrielle !

Monsieur Schultz devant la poêle et le malaxeur
Le compresseur et les deux presses
La pompe qui va envoyer l’eau et la pression à la presse
Madame Suguenot nous montre un scurtin (prononcer « scourtin ») en cheveux importés de Chine
Le moteur diesel 2 temps
Il a fonctionné il n’y a pas si longtemps
La vieille machine à écrire de l’huilerie, qui fonctionne encore !

Par Gérard Gravouille

Publié le dimanche 18 mars 2018

Mis à jour le mercredi 4 octobre 2023

#economie #histoire #patrimoine