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Insécurité

Avallon, une ville très dangereuse !

Du moins en 1777...

Le 24 octobre, trois détenus de la prison d’Avallon se révoltent. Excédés par leurs conditions d’incarcération, ils agressent le geôlier avant de tenter de s’évader.

VOUS VOUS CROYEZ PLUS EN DANGER AUJOURD’HUI ? Lisez donc ce texte, tiré de l’ouvrage "Les mystères de l’Yonne", de Jean-Pierre Fontaine.

Quelques faits chronologiques

17 mars 1777
Sur la foire, Anne Tarrat tente de voler une bourse pleine d’écus à un jeune marchand de vaches. S’en suit son emprisonnement

30 mars 1777
Trois marchands de draps de la même bande, impliqués dans un vaste trafic de marchandises, rejoignent la voleuse en prison.

4 septembre 1777
Des individus, dont la fille de la voleuse, essaient en vain de libérer Anne Tarrat.

24 septembre 1777
Mutinerie à la prison. Les marchands
de draps agressent le geôlier et tentent une évasion.

L’histoire

Il y a cinq siècles, Avallon possédait une prison. Elle était située là où se dresse aujourd’hui l’ancien tribunal d’instance.

En mars 1777, dans les cachots, quatre personnes attendent d’être jugées : Anne Tarrat, une vieille tire-laine (voleuse), et trois marchands de draps, Leconte, Berge et Gaudiau, des trafiquants. Bénéficiant d’une certaine complaisance de la part du geôlier, les trois escrocs poursuivent en toute impunité leurs activités par l’intermédiaire d’un mendiant avallonnais nommé Chauveau.

Mais l’enquête n’en finit pas. Leur détention se prolonge des mois durant. Jusqu’aux premiers froids. Les cachots, devenus glacials, échauffent les esprits.

Parallèlement, une tentative d’évasion manquée de la voleuse, menée dans la nuit du 4 septembre 1777 avec la complicité de sa fille, met à jour un échange de lettres clandestines avec la femme du chantre de l’église Saint-Lazare. Celle-ci s’est liée d’amitié avec la voleuse. Pour communiquer, les deux femmes se servent d’un panier attaché par une ficelle, qu’elles passent par une fenêtre donnant sur la cour de la prison.

Rapidement, ce moyen d’échange s’étend aux autres détenus. Le panier fait tant de va-et-vient que le geôlier décide de mettre des fers aux pieds et aux mains des trois marchands, jour et nuit. En plus du froid et de l’insalubrité des lieux, c’en est trop pour eux.

Le 24 octobre, Leconte attaque le geôlier et exige les clés du portail. Mais l’homme ne les a pas : elles sont en possession de sa femme, partie en ville. Saisis de rage, les prisonniers, libérés des fers grâce à une lime jetée « par une main inconnue » depuis la fameuse fenêtre, frappent le geôlier et le poussent dans le cachot. Ils sortent dans la cour, tentent en vain de soulever le portail puis d’escalader le mur.

Les hurlements du geôlier attirent l’attention du voisin, lequel donne alors l’alerte. Il faut plusieurs heures à la maréchaussée pour ramener le calme à la prison. Les sentences furent ensuite rendues : un avertissement et une amende de 10 livres pour les trois marchands ; un bannissement pour le mendiant et pour la voleuse, qui subit en plus des flétrissures en place publique, tout comme sa fille, condamnée par contumace. Enfin, une amende de trois livres est donnée à la femme du chantre, avec « défense de récidiver ».

Le livre

Nourri aux meilleures sources, Les Mystères de l’Yonne dépoussière des trésors d’archives et sort de l’oubli des histoires extraordinaires, cocasses et bien souvent effrayantes ! Que diriez-vous de faire connaissance avec Deça, le célèbre chasseur de vipères ? ou encore de rencontrer le gentilhomme bigame de La Pivardière... ? Peut-être préférez-vous visiter le château de Seignelay dont les entrailles cachent la fortune d’un seigneur ou bien suivre Jean-Pierre Fontaine sur les traces du Diable aux quatre coins du département...
Monuments et sites fascinants, énigmes judiciaires ou littéraires, « bondieuseries » ou « diableries », en parcourant ces pages vous vous immiscerez au cœur de l’Yonne mystérieuses.

Par Les hérissons du Cousin

Publié le lundi 13 avril 2015

Mis à jour le lundi 13 avril 2015