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Maraîchage bio à la Maladrerie à Vézelay

Alban Desnoyers : un jeune entrepreneur au combat !

Connaissez-vous la Maladrerie ? Ce lieu situé à 4kms de Vézelay a toujours été dévolu à l’agriculture et à l’élevage. C’est là que Alban Desnoyers a entrepris de développer une activité maraîchère biologique « Au jardin d’Avette ». Sur un bail de 6 ans avec la Mairie de Vézelay, Alban a du mal à susciter l’intêret que mériterait ce projet ambitieux.

Article rédigé par le groupe Pour un maraîchage bio pour le Collectif du Vézelien

Connaissez-vous la Maladrerie ?

Ce lieu situé à 4kms de la cité médiévale sur la route de l’Etang a toujours été dévolu à l’agriculture et à l’élevage, jusqu’au projet pharaonique de golf de 1991 qui n’aboutira jamais. Un coteau aride, battu par un vent glacial en hiver, brûlé de soleil en été, une grande cour intérieure encadrée par une ancienne chapelle et une forte bâtisse, une vue sublime sur Vézelay.

Il ne s’était plus rien passé depuis fort longtemps dans ce lieu aujourd’hui bien délabré.
la Ferme de la Maladrerie

Les débuts d’un jeune entrepreneur :

© Hekography 2015

C’est là que Alban Desnoyers a entrepris de développer une activité maraîchère biologique d’inspiration biodynamique qu’il a baptisée « Au jardin d’Avette »

Alban est un jeune entrepreneur, dynamique et sympathique. Agé de 27 ans et titulaire d’un brevet professionnel de responsable d’exploitation agricole , il cherchait un endroit pour s’installer en maraîchage bio.

Il reprend d’abord l’exploitation maraîchère de St Père et a ainsi l’occasion de développer une petite clientèle locale. .

© Hekography 2015

Puis il s’installe à La Maladrerie ; la terre est argileuse, et pas tout à fait propice à son activité, mais « on peut améliorer une terre en deux ans et le cadre est sympa ».

Seul, avec juste les quelques coups de main des bonnes volontés qui passent par là, Alban entreprend de transformer le pâturage en jardin. Un hectare et demi à clôturer, planter à la main plus de 500 poteaux, réparer les gouttières, curer les citernes, monter les 5 serres. Dès juin, Alban peut récolter et commercialiser ses premiers légumes sur l’exploitation « Au jardin d’Avette » et au marché de Vézelay. Car il y a une véritable demande de la population locale et des touristes pour des légumes bio.

Alban dit qu’il y aurait du travail pour deux, « j’ai ma clientèle mais je n’arrive pas toujours à fournir en quantité et à satisfaire tout le monde ».

Les déboires de Alban :

Alban a signé avec la mairie de Vézelay un bail de 6 ans pour exploiter les terres en maraîchage bio. Il a également été autorisé à utiliser une partie des bâtiments pour entreposer son matériel Il souhaitait s’installer dans la maison d’habitation de la Maladrerie, qu’il aurait fallu remettre en état ; il était nécessaire que l’assainissement soit remis aux normes par des professionnels, mais à part cela il avait proposé de faire lui-même les travaux.

Il y aura beaucoup d’entrevues avec diverses personnes. Puis les choses traînent. « Ils ne savaient pas ce qu’était le maraîchage ; ils s’attendaient à voir un jardin potager de 20 m2 et une fois les serres montées, j’ai eu l’impression que cela posait un problème »

Lorsque deux experts des bâtiments de France débarquent sur le site, Alban ne peut s’empêcher de se demander qui les a envoyés même si au final les autorisations sont données : tout l’ensemble est démontable en huit jours et Alban a fait en sorte qu’on ne voit pas les serres de la basilique dont il est éloigné de plusieurs kilomètres de toute manière !
La municipalité ne veut plus qu’il s’installe dans la maison en alléguant des frais très importants de remise en salubrité pour lesquels il n’y aura cependant aucun devis de fait.
En dépit de la sécheresse du printemps dernier, il faudra six mois pour qu’on vienne lui ouvrir l’eau, et pendant ce temps, il devra arroser avec ses récupérations d’eau de pluie ! Toutes les semaines il se rend à la mairie ! Au final il pense que c’est le mail qu’il a envoyé à sa clientèle pour dénoncer cette situation qui fait bouger les choses .

Quel avenir pour les jeunes de notre région ?

Alban n’aura aucune aide pour développer son activité. Pourtant développement durable et promotion de l’agriculture biologique ne sont-ils pas dans les projets du Grand Site dont tout le monde ici attend des retombées bénéfiques pour la région ?

Aujourd’hui Alban est découragé : il a passé l’hiver dans une caravane mal chauffée autour de laquelle il a installé des ballots de paille afin de pouvoir protéger ses affaires et se couper du vent … C’est un peu rude !

© Hekography 2015

Il a pourtant cru qu’on lui ferait confiance et qu’il pourrait travailler dans de bonnes conditions ; car il avait des appuis au dernier conseil municipal ; la plupart des conseillers souhaitaient le voir invité au Conseil pour exposer ses problèmes. Mais il n’a jamais été convoqué …
Pour Alban, il y a eu un avant et un après Elections Municipales. « Ils sont très fermés. Pourtant ils savent tout, ils savent comment je vis. »
Après cet hiver difficile, Alban a décidé de refaire une saison ; il s’est remis au travail, ses semis « les bébés » comme il dit viennent de poindre leur nez il y a quelques jours.

les semis pointent leur nez !
© Hekography 2015

C’est désespérant de voir l’énergie de ce garçon fondre devant le désintérêt de la mairie pour son projet et ses conditions de vie. Ne pourrait-on faire de ce lieu laissé à l’abandon depuis des années un endroit à la fois innovant en matière d’agriculture bio et utile pour la population locale et touristique ? Plusieurs emplois pourraient en résulter sans compter les petites retombées pour l’économie locale. On ne voudrait pas que cette situation soit à l’image de la manière dont la France traite aujourd’hui ses jeunes talents et les condamne à l’exil.

© Hekography 2015


clichés Hekography - credits Heko Koster

Portfolio

Le samedi 28 février 2015

Mis à jour le 7 avril 2022