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La rénovation réussie de la maison à colombage près de l’école des remparts

Et recette de la peinture traditionnelle à l’ocre

Je me rappelle bien de cette maison vers les années 1953. À l’époque j’allais a « l’école des garçons » (on ne parlait pas de « l’école des remparts ») : son directeur était Monsieur PERRAUT. L’école des filles était grande rue et dirigée par Madame DRILLON. La maison était bien-sûr à colombages, mais le bois de chêne était gris et les enduits à la chaux de la même couleur...

Quelques dates

Jusqu’en 1895, cette maison appartenait à un ancien professeur du collège qui était membre de la société d’étude avallonnaise et créateur de l’immense collection de pièces du Musée, collection encore confidentielle à ce jour (mais bien décrite dans un bulletin d’étude).

En 1895, la maison est vendue à Monsieur (Cholet ?), un entrepreneur en bâtiment et c’est lui qui a alors recouvert de ciment les colombage comme en témoignent les cartes postales de 1905...

Dans les années 1960... l’héritière de cet entrepreneur a entrepris de refaire la façade... à nouveau avec du ciment !

Le crime : une ossature bois enfermée sous le ciment

La coupable : une couche de ciment d’environ 4cm... recouvrant les colombages.

Comme de bien entendu, cette « coque étanche » a eu comme effet d’empêcher la perspiration [1] des murs et pour conséquence le pourrissement de l’ossature bois qui soutenait la maison.

60 ans après : un bois complètement pourri

Soixante ans après, en 2013, la maison a de nouveau changé de propriétaires : ces derniers ont décidé de procéder à une rénovation en bonne et due forme.

Celles et ceux qui ont suivi ces travaux ignorent peut-être que la maison courait un grave danger : en retirant cette coque de ciment, l’entreprise de rénovation a découvert que les bois qui soutenaient les étages étaient presque entièrement réduits en farine !

Étayage en urgence

Après un étayage d’urgence (notamment de la poutre traversière), tous les éléments pourris ont été remplacés... pas facile de changer l’ossature bois d’une maison habitée, quand on pense au poids de l’ensemble ! Soulignons le courage et le professionnalisme de l’entreprise pour ces travaux à haut risque.

Sauvée de justesse.... il faut croire qu’elle était solide cette maison !

Une rénovation réussie

Une fois les enduits refaits à la chaux, les colombages ont été repeints avec de l’ocre rouge et les murs à l’ocre jaune (terre de sienne). Ce qui en fait aujourd’hui une très belle maison, qui va renforcer le centre historique de la ville.

Avallon : rénovation de la maison à colombage près de l’école des remparts
Une réussite, avec notamment la recette peinture à l’ocre traditionnelle remise au goût du jour par l’association « Terres et couleurs »
Gérard Gravouille

Recette de la peinture à l’ocre traditionnelle

La recette, telle que nous l’a donnée l’entreprise

Le support doit être en bois brut (bien poncé) ou en fer brut (bien dégraissé, voire légèrement rouillé) : cette peinture ne tolère aucune trace de lasure, vernis ou autre produit industriel.

Pour faire 12,5 kg de peinture, soit environ 38 m2 (faites une règle de trois pour des quantités moins importantes : par exemple, divisez tout par 10) :

Ingrédients :

  • 8 litres d’eau
  • 650 grammes de farine
  • 2,5 kilos d’ocre
  • 250 grammes de sulfate de fer
  • 1 litre d’huile de lin
  • 1 dl de savon noir liquide à l’huile d’olive

Préparation (45 minutes) :

  1. Diluer la farine dans 1 litre d’eau
  2. Versez le reste de l’eau et faites chauffer
  3. À ébullition, mélangez pendant 15 minutes
  4. Mettre le pigment et le sulfate de fer
  5. Continuez à faire cuire en mélangeant pendant 15 autres minutes
  6. Versez l’huile de lin et mélangez sur le feu encore 15 minutes
  7. Versez le savon : cela permet l’émulsion de l’huile de lin
  8. Mettez à refroidir : c’est prêt !
  9. Si besoin, rajoutez un peu d’eau. Mais bon, bien épaisse elle est couvrante et ne coule pas. Génial ! :-)
Maison à colombage près de la rue du college, Avallon
Vue de la maison à colombage, côté ruelle masquée, Avallon

Cette recette de cette peinture traditionnelle pour boiseries anciennes est utilisée de longue date dans les pays nordiques. L’entreprise a préparé la peinture devant nous : nous avons soigneusement noté la liste des ingrédients et le mode préparatoire, ainsi que les références d’un livret très bien fait et vraiment pas cher (5 Euros), que nous avons aussitôt commandé.

Soucieux de citer nos sources, nous avions écrit les références du livret, en faisant un lien vers le site de l’association éditrice. Malheureusement, une personne qui semble être l’auteur de ce livre nous a demandé par téléphone de retirer immédiatement cette partie de l’article.

MAIS, vous pouvez heureusement le trouver facilement en contactant simplement SOLARGIL, qui propose également un grand nombre d’ocres... dont celles produites localement en Puisaye : ocre jaune, ocre rouge, hématite. Si ce livre vous plaît, nous vous conseillons d’ailleurs toute la collection éditée par l’association, dont celui intitulé ******* (on n’ose donner le titre), qui propose une version différente de la recette pour les support modernes.

Quant à la recette, elle n’est un secret pour personne, car elle a heureusement été diffusée partout sur Internet, bien avant nous... avec des quantités différentes mais des proportions relativement identiques....

Bien d’autres recettes existent !


[1La perspiration est un terme technique utilisé pour désigner la capacité d’un mur à laisser passer la vapeur d’eau. Il est différent de la respiration, plutôt utilisé pour le passage de l’air...

Par Gérard Gravouille, Thiébaut

Publié le vendredi 12 septembre 2014

Mis à jour le mercredi 23 août 2023

#avallon89200 #histoire #patrimoine