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ASQUINS : les déboires du Funky Feaky Festival sous l’interdiction du Préfet

Ce qui s’est vraiment passé

La vie quotidienne d’Asquins a été sacrément secouée ces dernières semaines ! Une quarantaine de jeunes bénévoles avaient à cœur d’organiser un festival de concerts, théâtre, cirque, musique techno. Ce ne sont pas des débutants ; leur association les Frangins Frendleyks organise depuis plusieurs années en France et à l’étranger le Funky Freaky Festival. Cette année le Funky Freaky devait avoir lieu à Asquins, un certain nombre d’entre eux étant originaires du village...

Tout avait été pensé

Pour ce faire, ils ont investi des milliers d’euros et les Asquinois ont pu juger au fur et à mesure qu’avançait la préparation du festival de l’excellence quasi-professionnelle de leur organisation et de leur travail : 3 magnifiques chapiteaux avaient été dressés. Tout avait été pensé : sonorisation bien sûr mais toilettes, balisage, parking ; toutes les normes de sécurité avaient été respectées afin que ce festival puisse se dérouler au mieux dans la joie de faire la fête ensemble.

Au-dessus d’Asquins, un lieu invisible de Vézelay

Le lieu de la manifestation, dans les bois au dessus d’Asquins était invisible de Vézelay et on ne pouvait soupçonner la tenue de ce festival, loin du centre du village pour éviter les nuisances sonores. Le préfet de l’Yonne qui traite les organisateurs « d’incompétents » ne s’est visiblement pas rendu sur le site !

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Les élus avaient donné les autorisations

Les jeunes avaient opté pour le statut « fête privée » qui permet d’accueillir 500 personnes sur des terrains appartenant à un particulier. Ces journées devaient être l’occasion de fêtes intergénérationnelles et de partage. Bien sûr il y avait entre autres au programme de la musique techno et cela a dû faire peur à certains ! Mais de toute manière, la municipalité (nos élus) avait donné les autorisations et tout devait bien se passer.

M. le Préfet de l’Yonne en a décidé autrement.

Vendredi 19h00 – c’est l’ouverture du festival ; nous venons boire un verre et patatras ! Nous apprenons que le festival est annulé ; le secrétaire de cabinet du préfet s’est déplacé à Asquins et jusqu’au dernier moment tous espèrent que l’interdiction sera levée. Mais le festival est interdit au prétexte qu’il se déroulait sur le site du Vézelien classé site environnemental ; la mairie d’Asquins est accusée « d’aveuglement » et menacée de poursuites par le Préfet (YR du 6 septembre).

Des forces de gendarmerie considérables ont été déployées

Deux hélicoptères ont tourné tout l’après-midi et des forces de gendarmerie considérables ont été déployées dans le village ; une utilisation pour le moins contestable de nos impôts ! A 21 heures, c’est surréaliste et effrayant à la fois : l’ERDF vient couper l’électricité et on peut voir la Brigade d’intervention au pas de course, avec boucliers et lacrymogènes s’élancer sur le sentier qui mène au site.

C’est la fin du festival qui n’a même pas commencé

C’est la fin du festival qui n’a même pas commencé ; quelle déception pour les jeunes qui ont passé des mois à préparer cet événement ; on voit des festivaliers venus de fort loin en larmes, d’autres prêts à en découdre. Heureusement grâce aux talents de persuasion de certains organisateurs, tout le monde obtempère sans anicroche ; il faut dire que les festivaliers sont des gentils et font contre mauvaise fortune bon cœur.

Deux jours de pur bonheur

Samedi matin 10h00, les festivaliers, dénommés « fêtards » par l’Yonne républicaine sont tenus d’évacuer le parking ; ils sont recasés sur des sites municipaux par la mairie d’Asquins. Quel grand bazar ! Plus de 150 camions tournent dans les rues d’Asquins. Ce sont les jeunes qui font la circulation. Mais que fait la police ! Les festivaliers sont autorisés par la mairie à dresser une petite scène au camping et à faire la fête jusqu’au dimanche soir ; et c’est là que la magie agit : 2 jours de pur bonheur, des jeunes, des vieux, des enfants, des chiens, de la musique, des échanges entre gens d’ici et d’ailleurs.

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Incompréhension face l’arrêté préfectoral

Ces événements ont sidéré la population entière mais l’ont également fédérée. Dimanche matin environ 80 habitants du Vézelien se sont donné rendez vous pour faire signer des pétitions (téléchargeable ici) de soutien au festival et manifester leur incompréhension face à l’arrêté préfectoral. Un site classé, cela veut-il dire l’interdiction de toute culture vivante ? Pourtant il y a de nombreux rassemblements à Vézelay qui ne font pas l’unanimité : les Scouts d’Europe, les Pères de Famille , les Jeunes Catholiques ne dérangent pas le site classé ? Pourtant ils y érigent des marabouts et des chapiteaux.

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La peur de la différence...

Le président des Frangins Frendleyks va passer au tribunal pour avoir monté des structures amovibles dans un pauvre champ au milieu des bois ? C’est risible. En réalité ces jeunes dérangent ; leurs looks, leurs goûts musicaux, leur désir d’affirmer leur différence. Mais qu’est-ce-que la culture ? En quoi la musique baroque serait-elle supérieure à la techno et qui peut se permettre d’en juger ? En attendant, cela va devenir difficile de vivre dans une région qui refuse à ses habitants le droit de s’amuser au prétexte que le site est classé ; Liberté, égalité, fraternité … ces mots vont finir par ne plus vouloir rien dire pour personne … Et là on pourra vraiment avoir peur ! … HR, habitante d’Asquins depuis plus de 20 ans …

Documents joints

Par Odile Hoog Rousseau

Publié le jeudi 11 septembre 2014

Mis à jour le mercredi 11 mai 2022

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