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C’est la loutre finale contre le rallye de l’avallonnais...
Alors que la ville d’Avallon (89200, Morvan, Bourgogne) a osé accueillir à nouveau avec enthousiasme (sic) un rallye en pleine zone Natura 2000, elle a publié - puis retiré aussitôt - sur son site un communiqué au sujet d’un « havre de paix » (sic) pour la loutre d’Europe. Cet unique article vous informe de tout ce qui concerne l’édition 2025, sources à l’appui, avec un sommaire détaillé.
Le rallye 2025 est terminé. Rallye 1 / Loutre 0. Pour répondre à la remarque récurrente « le rallye, c’est qu’une fois par an », nous vous invitons à lire notre article qui reprend tout le passif et rappelle l’effondrement de la biodiversité. Pour qu’on arrête de parler d’intolérance contre association qui ne remet en cause que 2km sur un circuit total de 40km
Suite au rallye 2025, comme nous l’avions prévu, une nouvelle sortie de route a été constatée au pavé de cousin le pont et la troisième borne en pierre percutée.
A notre retour au pavé après 18h00, nous avons constaté que, contrairement à ce qui avait été envisagé en Mairie avec Monsieur Villecourt, Directeur de Cabinet, aucun ballot de paille n’avait été disposé dans cette zone connue pour les sorties de route. D’après ce dernier, Monsieur Hennon, le sous-préfet actuel, n’a pas jugé utile, voire dangereux, d’ajouter ce dispositif, contrairement à de nombreuses•x prédécesseur•es, dont Monsieur Jérôme CHAPPA pendant deux années consécutives.
Résultat : les traces d’une belle sortie de route montrent qu’une fois de plus un bolide a percuté l’une des bornes en pierre (la troisième en partant du bas, près du réverbère), juste avant le mur en pierre d’un riverain. Ce ne serait pas arrivé si nous avions été conviés et écoutés à la commission de sécurité. Contrairement à ce qui a été dit, la sécurité est en donc en baisse, par rapport à l’époque ou Monsieur Jérôme CHAPPA était sous-préfèt d’Avallon.
Quid du risque de pollution chimique si cette voiture avait perdu des fluides moteur et notamment l’huile hydraulique, avec 23% de pente en moyenne vers la vallée du Cousin, « Havre de paix pour les loutres » ?
« C’est avec enthousiasme que nous accueillons la 45e édition du Rallye du Pays de l’Avallonnais, samedi 1er mars » : ainsi commence le mot du Maire présent sur le tract distribué aux riverain•es. Cliquez sur l’image pour zoomer.
Sachant que la quasi intégralité du circuit passe dans la Zone Natura 2000, avec une médiane sonore mesurée en 2024 de 96,90 décibels jusqu’à un maxi de 119,60 décibels.
Ces données ont été mesurées au bord du circuit 2024 à l’aide d’un sonomètre professionnel Sound Level Meter, 8928 AZ. L’effectif total des valeurs mesurées à l’aide du sonomètre est de 126, sur une durée totale de 6 heures, avec un intervalle moyen de 3 minutes entre deux prises de son.
Problème : sur ce même parcours, le site web de la ville d’Avallon annonce avoir signé une convention « havre de paix » pour la loutre d’Europe (sic), avec notamment une interdiction aux nuisances sonores... Cherchez l’erreur !
Curieuse coïncidence : depuis la publication de notre article, on ne peut plus accéder à cette page sur le site de la ville. Soit ils ont un « souci technique » uniquement sur cette page, soit elle a été purement supprimée. De là à penser que la contradiction rallye/loutre, que nous avons soulevée ici, était trop gênante... ?
Dommage, car sur cette page, on pouvait lire ceci :
La municipalité s’engage à ce que les berges de la rivière restent favorables à la loutre, notamment en y préservant la végétéation et les gîtes potentiels, en n’utilisant pas de produits chiliques ni d’appâts empoisonnés ou de pièges tuants et en limitant les pratiques perturbatrices. (sic)
Comme si un rallye passant à moins de 7 mètres de la rivière avec une médiane de 96,90 décibels n’était pas une pratique perturbatrice !
Heureusement que les moteurs de recherche gardent toujours les traces des publications et que nous en avons gardé une copie ! Ci-dessous, voici la capture d’écran d’une recherche qui prouve que la page était bien référencée et publiée le 24 janvier 2025 sur le site de la ville ! Espérons que les loutres, elles, n’ont pas été supprimées...
Avez-vous remarqué que le deuxième lien était une vidéo d’Avallon Vision à ce sujet ? Allez ! On vous l’intègre en direct :
Toujours est-il que pour le moment l’info est toujours visible sur leur page FB. Pour combien de temps ? La priorité semble clairement être donnée au rallye !
Quoiqu’il arrive, notre meilleure preuve est celle de la carte des havres de paix publiée par la SFEPM, où Avallon figure bel et bien à titre public.
ceux-ci produisant un fort dérangement, il est important de les limiter à ceux nécessaires au service de sécurité civile, de garderie, d’incendie, ou à usage professionnel (agricole, forestier ) du propriétaire, en raison de leur fort pouvoir de dérangement.
Sur l’extrait ci-dessous, on retrouve bien le panneau initial publié par la ville d’Avallon le 24 janvier sur son site, avec notamment le fameux logo « interdiction aux nuisances sonores ». Pourquoi l’avoir retiré juste au moment où nous soulignions la contradiction d’organiser une course automobile dans « havre de paix pour la loutre d’Europe » ?
Sur ce circuit, on trouve en effet également un refuge LPO ainsi qu’un refuge à Chauve-Souris. Cliquez pour zoomer.
Côté chauves-souris, une étude a été menée en aôut 2024 dans la cadre du projet de réhabilitation des bâtiments des anciennes tanneries d’Avallon par le Parc Naturel régional du Morvan (PNRM) et la Société d’Histoire Naturelle d’Autun (SHNA). Ce lieu est en effet connu pour une colonie de mise bas de Grand murin (Myotis myotis) depuis 2011.
Cette expertise de 2024 a démontré la présence de deux types de chiroptères :
Dans le guide de la SFEPM, page 4, on peut voir que le rallye longe l’espace vital de la loutre, estimé entre 10 à 40 km de linéaire de berges.
Une information identique sur le guide de la loutre de la SHNA-OFB, page 3
N’oublions pas que la ville d’Avallon communique aussi, depuis des années... avec le logo « Station verte ».
Parce que cela correspond tout simplement à la définition que l’on peut trouver dans wikipedia : Le greenwashing, ou écoblanchiment, est un procédé de marketing ou de relations publiques utilisé par une organisation pour se donner une image trompeuse de responsabilité écologique.
Communiquer sur un « havre de paix d’un côté » pour accueillir un rallye auto au même endroit... n’est rien d’autre que du greenwashing.
Sur le Plan National d’Actions en faveur de la Loutre d’Europe (Lutra lutra) 2019 - 2028, le chapitre I-2 (page 12) détaille ses statuts de protection et de conservation.
Le statut de conservation de la Loutre d’Europe a été estimé à quatre échelles géographiques dans les Listes rouges de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), comme espèce « quasi menacée » pour trois d’entre elles.
Les collisions avec des véhicules constituent la première cause de mortalité anthropique connue de la Loutre d’Europe et représentent ainsi l’un des principaux freins à la recolonisation par l’espèce.
En effet, les loutres d’Europe peuvent traverser les routes pour rejoindre une mare, un étang, un fossé, etc. Même le long d’un cours d’eau, lorsqu’un pont se présente face à elle, une loutre d’Europe a tendance à le franchir, non pas dans l’eau en nageant, mais sur la berge en marchant. En l’absence de berges ou lorsque celles-ci sont submergées, l’animal passe souvent au-dessus du pont et traverse la chaussée. La mortalité est plus importante en période de crues. (Source : Plan National d’Actions en faveur de la Loutre d’Europe, page 21 )
Grâce à son statut d’espèce protégée et d’espèce à plan national d’actions, à la communication et aux échanges autour de l’espèce, la Loutre d’Europe doit continuer à être prise en compte dans le cadre des politiques d’aménagements, des projets, notamment par des études impacts, à fortiori dans les sites Natura 2000. (Source : Plan National d’Actions en faveur de la Loutre d’Europe, page 28)
Avant 2018, déjà, nous avions de nombreux éléments problématiques à faire remonter aux autorités publiques pour demander une amélioration de l’organisation de ce rallye.
Mais, à juste titre, la Mairie et la Sous-préfecture nous ont fait comprendre que, pour avoir une légitimité à être invités aux réunion, nous devions créer une association. Ce qui a été fait en 2018 avec pour titre « Alterallye », pour un « autre rallye », respectueux de l’environnement, des biens et des personnes dont voici l’objet :
Alterallye de l’Avallonnais a pour objet de veiller ce qu’aucune course de vitesse de véhicules moteur ne puisse menacer les biens, les personnes et l’environnement naturel sur aucune partie de l’ensemble du territoire des communes dont le chef-lieu se situe dans un rayon de 50 kilomètres autour d’Avallon (89200) et tout particulièrement dans le secteur de la vallée du Cousin appartenant la zone Natura 2000 FR2600983.
Elle mène toutes actions pour lutter contre l’octroi de subventions et d’autorisations facilitant les manifestations de véhicules à moteur impliquant la vitesse.
Elle mène également toutes actions de persuasion visant à convaincre l’opinion et les pouvoirs publics que les courses de vitesse de véhicules à moteur sont nuisibles comme créant de la pollution inutile et encourageant la délinquance routière.
Par ailleurs, elle pourra mener toutes actions favorisant les manifestations de véhicules sans moteur ou à énergie renouvelable.
L’association organisatrice, qui s’intitule ASA AVALLON AUTO SPORT, est présidée par Brigitte Dréau et domiciliée à Appoigny (89380), tel que l’on peut le voir sur la page contact de leur site web (asa.aas.free.fr).
Pourquoi le dialogue est-il impossible ? Dès la création de notre association, le vendredi 2 février 2018, à 17h00 à l’Hôtel Gouvenain, une trentaine de pro-rallye ont tenté, devant l’Yonne républicaine, de perturber notre assemblée générale constitutive. Après leur avoir rappelé que cela constituait une tentative d’entrave à la libre d’une association loi 1901 les pro-rallye ont daigné quitter la salle. Nous avons bien entendu en notre possession toutes les preuves de ce que nous avançons. Depuis, forcément, les relations sont difficiles.
Nous avons demandé à tous ces financeurs potentiels s’ils étaient au courant que le rallye traverserait une zone natura 2000 avec une espèce ultra protégée... et si oui, l’auraient-ils financé ? A part pour la ville d’Avallon, dont on connait la position contradictoire, nous sommes en attente d’une réponse.
Contrairement à leurs prédécesseur•es (dont Cécile Rackette en 2019) , les sous préfets et sous-préfètes des deux dernières années n’ont pas jugé utile de nous inviter au dialogue, aux réunions concernant les rallyes 2024 et 2025, ni même de nous informer de la publication de leurs arrêtés !
A l’instar de Monsieur Sébastien HENNON actuel sous-préfet d’Avallon depuis le 06 mai 2024 à la sous-préfecture d’Avallon, qui ne nous a jamais contacté ni invité à aucune réunion de concertation.
Sinon, nous n’aurions pas manqué de leur conseiller de modifier leur tracé, pour des raisons évidentes de respect de la loi d’une espèce protégée. En effet, sur les 40km de circuit, nous ne remettons en cause que la « spéciale des remparts », dont plus de 70%, c’est à dire 2km environ, passe dans la zone Natura 2000. C’est pourquoi, faute de dialogue, nous sommes contraints de saisir la justice.
Les mesures prises en 2024 au bord du circuit au moyen d’un sonomètre Sound Level Meter, 8928 AZ ont permis de déterminer, sur 126 enregistrements, les éléments suivants :
Pour comparaison,les pouvoirs publics considèrent que pour les aérodromes, la zone de bruit fort est celle où le bruit excède 70 dB.Source : Ministère de l’écologie
L’oreille humaine souffre à partir d’une exposition à 85 dB pendant 8 heures. Par ailleurs, on estime que 15 minutes d’exposition à 95 dB sont équivalents à une exposition de 4h à 86 dB. Si l’exposition au bruit est discontinue (de l’ordre de 5 à 10 secondes toutes les 3 minutes), c’est bien la durée totale de cette exposition qui pénalise la santé les riverain•es du circuit.
Or, à notre connaissance, aucune mesure de protection contre le bruit n’est fournie aux habitant•es, à commencer par les enfants, qui sont les plus exposés, a fortiori dans une période de vacances scolaires.
Outre les animaux protégés, certain•es habitant•es seront fortement impacté•es par une interdiction totale de circuler, même à pied pendant toute la journée. Les personnes ont le choix entre partir avant l’épreuve (celles qui le peuvent) ou rester confinées en subissant le bruit et la pollution. Cela constitue une violation de l’article 13 de l’article des droits de l’homme. et del’article 2 du Protocole n° 4 de la Convention Européenne des droits de l’homme.
Dans ce contexte tendu, où l’exaspération de nombreuses•x habitant•es est bien compréhensible, nous appelons au calme et à la retenue dans les actions que vous pourriez avoir envie d’entreprendre.
Dans tous les cas informez Alterallye : nous vous accompagnerons.
Dans tous les cas, faites-le nous savoir, afin que nous puissions, le cas échéant, appuyer votre démarche ou vous accompagner.
